Alors que l’accord sur le nucléaire iranien, signé en 2015, traverse une période de turbulences, les acteurs internationaux se mobilisent pour sauvegarder ce texte crucial pour la paix et la sécurité au Moyen-Orient. Cet article propose une analyse approfondie des enjeux et des défis auxquels fait face cet accord, ainsi que des pistes à explorer pour assurer sa pérennité.
Les origines et les objectifs de l’accord
L’accord sur le nucléaire iranien, également connu sous le nom de Plan d’action global commun (PAGC), a été signé le 14 juillet 2015 entre l’Iran et les membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU (États-Unis, Russie, Chine, France et Royaume-Uni), ainsi que l’Allemagne. Son objectif principal est de limiter les activités nucléaires controversées de Téhéran en échange d’un allègement progressif des sanctions économiques qui frappent le pays.
Le PAGC vise à empêcher l’Iran de développer une arme nucléaire en limitant son programme d’enrichissement d’uranium, en instaurant un régime strict de contrôle et d’inspection par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et en limitant la recherche et le développement dans ce domaine. En contrepartie, les signataires s’engagent à lever progressivement les sanctions économiques qui pèsent sur l’économie iranienne.
Le retrait américain et ses conséquences
En mai 2018, le président américain Donald Trump annonce unilatéralement le retrait des États-Unis de l’accord, jugeant que celui-ci ne répond pas aux préoccupations américaines concernant les activités nucléaires et balistiques de l’Iran, ainsi que son influence régionale. Cette décision entraîne une série de réactions en chaîne qui fragilisent le PAGC.
L’Iran, se sentant trahi par les États-Unis, commence à réduire progressivement ses engagements pris dans le cadre de l’accord. Parallèlement, les tensions entre Washington et Téhéran s’intensifient, marquées notamment par la montée des incidents militaires dans le Golfe persique et l’assassinat du général Qassem Soleimani en janvier 2020.
De leur côté, les autres signataires de l’accord tentent tant bien que mal de maintenir le PAGC en vie. L’Union européenne lance notamment un mécanisme baptisé INSTEX, destiné à faciliter les transactions commerciales avec l’Iran malgré les sanctions américaines. Toutefois, ces efforts restent insuffisants pour compenser les effets dévastateurs des sanctions sur l’économie iranienne.
Les perspectives pour l’avenir de l’accord
Avec l’arrivée au pouvoir du président américain Joe Biden, les perspectives pour l’avenir de l’accord semblent s’éclaircir. Celui-ci a en effet affirmé sa volonté de revenir dans le PAGC, à condition que l’Iran respecte pleinement ses engagements. Des discussions indirectes ont débuté en avril 2021 à Vienne entre les deux pays, sous l’égide des autres signataires de l’accord.
Cependant, plusieurs obstacles demeurent pour parvenir à un retour complet au respect de l’accord. D’une part, la méfiance entre les États-Unis et l’Iran est profonde et les deux pays exigent des garanties pour éviter un nouvel échec. D’autre part, certains acteurs régionaux, tels qu’Israël et l’Arabie saoudite, voient d’un mauvais œil la perspective d’un rapprochement entre Washington et Téhéran.
Par ailleurs, la question des missiles balistiques et du soutien iranien aux groupes armés dans la région reste en suspens et pourrait constituer un sujet de négociation complexe. Enfin, la situation politique interne en Iran, marquée notamment par les élections présidentielles de juin 2021 et la montée en puissance des conservateurs, pourrait également influer sur les négociations.
L’avenir de l’accord sur le nucléaire iranien apparaît donc incertain et dépendra de la capacité des différents acteurs à surmonter les obstacles et à renouer un dialogue constructif. La préservation de ce texte majeur pour la paix et la sécurité au Moyen-Orient est en jeu, ainsi que la crédibilité du système multilatéral et du droit international.